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Philosophie
Sujets du Bac corrigés: Dissertation
A quoi reconnaît on une attitude religieuse?

I - LES TERMES DU SUJET

Une attitude c'est un ensemble de signes extérieurs (actes) ou intérieurs (opinions relatives à une question) susceptibles de se traduire dans des actes précis. Une attitude (une opinion par exemple) par rapport à un problème peut ainsi se traduire par des comportements hétérogènes voire même en contradiction avec ce qu'elle enveloppe.
Il faut insister ici sur la définition de la religion, afin de se demander s'il y a des signes extérieurs de religion, si une attitude religieuse est définissable ? Le terme religion présente un double aspect, l'un subjectif, c'est-à-dire la foi, l'autre objectif tel qu'il se traduit dans les pratiques rituelles.


II - ANALYSE DU PROBLEME

La religion, dans la mesure où elle est définie comme un ensemble de pratiques rituelles institutionnelles, détermine un comportement lié à la communauté religieuse. On peut donc reconnaître une attitude religieuse par un code comportemental : prières, prosternation, vêtements... qui rassemblent les croyants autour d'une même pratique. Etymologie latine : religere : rassembler.
Pourtant , l'autre aspect de la religion ne paraît pas visible, ne paraît pas donner naissance à un code comportemental précis. La foi est un sentiment de certitude vécue en relation à un dogme. Elle relie le croyant à Dieu. C'est ce que précise l'étymologie latine du mot "religare" : relier. Cette conviction personnelle ne peut être jugée que par Dieu lui-même.


III - LES GRANDES LIGNES DE REFLEXION

Il faudrait montrer d'abord qu'un comportement religieux est défini institutionnellement. Le rassemblement des membres s'opère autour de différents rites. Pour cela nous pouvons utiliser des exemples afin d'illustrer la définition (messe catholique, pèlerinage de La Mecque...).
Puis il faudrait insister sur la principale motivation religieuse : la foi, sentiment intérieur, donc non visible, né de la conscience qu'a l'homme de sa finitude. Ce qui lie l'homme à Dieu n'est pas d'ordre rationnel et ne peut donner naissance à une attitude objectivement reconnaissable, étant vécu personnellement.


IV - UNE DEMARCHE POSSIBLE

A - ON RECONNAIT UNE ATTITUDE RELIGIEUSE PAR DES COMPORTEMENTS RITUELS

1) CES RITES SONT DECRITS PAR UNE REVELATION

Une attitude religieuse se constate. Un rituel religieux est imposé dan chaque communauté. Ces comportements sont dictés par une tradition, une histoire, qui a pour fondement une révélation, par exemple un texte dicté par Dieu à un chef religieux. Ce texte comporte une morale, des lois dictant un comportement, mêlant souvent la confiance et la crainte en une puissance surnaturelle.

2) AMBIGUITE ENTRE LA CRAINTE ET LA CONFIANCE

Cette attitude est fondée sur la distinction entre profane et sacré. Le profane n'est défini que par opposition au sacré. Le sacré exprime une puissance relevant d'un ordre supérieur, donnant sa signification à la réalité ordinaire. Cette distinction entre le profane et le sacré se traduit toujours par des comportements rituels. Ceux-ci néanmoins ne supposent pas toujours la reconnaissance d'un être supérieur divinisé inspirant crainte et confiance. Le fétichisme polythéiste en est un exemple.
Ainsi, l'attitude religieuse est déterminée par la croyance en cet ordre supérieur. Celle-ci est motivée par une crainte née de la conscience des limites de la condition humaine et d'une confiance née du désir de les dépasser grâce à une force surnaturelle. Ainsi, cette ambiguïté est décelable dans la plupart des rites religieux qui allient l'adoration craintive et l'espoir, la certitude que sans Dieu, l'homme n'est rien mais qu'avec son concours, il est promu à une destinée surnaturelle. Ici, il est possible d'illustrer ce propos par des exemples de rites religieux montrant la déférence devant le chef, représentant de Dieu, et l'espoir dans le salut individuel.


B - UNE ATTITUDE RELIGIEUSE SINCERE N'EST PAS OBSERVABLE

1) DISTINCTION ENTRE FOI ET RAISON

Dans un deuxième temps, il faudrait insister sur le sentiment religieux par nature irrationnel. On peut opposer ici foi et raison, croyance et connaissance. La certitude engendrée par la connaissance est argumentée, démontrée. Elle suppose une attitude objective par rapport au monde. La foi apporte une conviction personnelle, non argumentée. Elle est un sentiment vécu.

2) LES SIGNES SONT PARTICULIERS

Certes, certains signes liés par exemple à l'émotion peuvent suggérer cette foi. Chateaubriand raconte ainsi sa conversion dans Les mémoires d'Outre-Tombe : "J'ai pleuré et j'ai cru". Mais peut-on comparer les larmes de Chateaubriand et la lévitation d'un Saint médiéval ?

3) RELATION INVISIBLE ENTRE DIEU ET L'HOMME

Ainsi, parce que la foi est essentiellement une relation intérieure entre un homme et une divinité, il n'y a pas d'attitude reconnaissable objectivement. On ne peut par exemple s'assurer d'une sincérité, d'une authenticité derrière le comportement rituel.

V - QUELQUES REFERENCES POSSIBLES

MARX : Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel
NIETZSCHE : La généalogie de la morale
PASCAL : Les Pensées L'argument du pari montre que la foi ne peut être abordée rationnellement.


VI - LES FAUSSES PISTES :

Il ne fallait pas énumérer différents comportements religieux mais tenter de les unir sous une même définition. Afin de problématique la question, il était bon de jouer sur les acceptions objective et subjective de la religion révélée, par sa double étymologie.

VII - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR :

L'énoncé "à quoi ?" ne permet pas une problématisation courante (oui - non) mais peut suggérer une énumération ethnographique, à éviter absolument.



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