Philosophie
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Sujets du Bac corrigés: Dissertation
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La vérité est elle contraignante ou libératrice?
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Corrigé du Sujet 1 Serie ES 1997
I - LES TERMES DU SUJET La définition traditionnelle de la vérité, à savoir l'adéquation entre le jugement et la chose jugée n'est pas ici très utile. Il faut prendre le terme de vérité en un sens assez large qui est finalement celui du sens commun. La vérité est envisagée comme possédant par elle-même une certaine force de conviction pouvant soit contraindre soit libérer. La contrainte porte d'abord et essentiellement sur l'esprit de celui qui fait l'expérience de la vérité. La vérité contraint en ce qu'elle s'impose à tout esprit qui en fait l'expérience. Elle est libératrice en ce sens au moins qu'elle libère l'esprit des erreurs, des préjugés et des opinions.
II - ANALYSE DU PROBLEME
Le problème qui se pose alors est celui de l'alternative : la vérité est-elle contraignante ou libératrice ? Dans quelle mesure ne peut-elle être à la fois l'une et l'autre ? Plus profondément quel lien établir entre vérité et liberté ?
III - LES GRANDES LIGNES
La vérité peut-elle s'exercer sans contrainte ? Il n'est pas en mon pouvoir de décider que la somme des angles de tout triangle est égale à deux droites. Cette vérité essentielle oblige, contraint l'esprit à donner son assentiment. Cependant en quoi cette contrainte peut-elle s'opposer à la libération de l'esprit ? Le vrai aliène-t-il la pensée ? N'est-ce-pas plutôt le faux qui, comme l'indique PLATON dans La République , (livre VII), qui entrave la liberté ?
IV - UNE DEMARCHE POSSIBLE
A - LA VERITE EST CONTRAIGNANTE La vérité possède une force qui lui est propre. On peut certes la dissimuler à ses propres yeux par toute sorte de ruses, une fois qu'on est en présence du vrai on est obligé de donner son assentiment. Dans certaines situations, cette contrainte peut être pénible, notamment lorsque la saisie du vrai implique la prise de conscience des erreurs. Le refus subjectif du vrai, l'étonnement que l'on éprouve au moment où on le découvre implique une certaine violence. La célèbre ALLEGORIE DE LA CAVERNE montre bien comment le philosophe qui a fait l'expérience du vrai doit, lorsqu'il redescend dans la caverne exercer violemment son autorité. Le vrai est alors source de normes, de règles, qui doivent être inculquées sans faiblesse. Le philosophe-roi, le bon politique ne doivent pas hésiter à faire usage de la force pour persuader les âmes corrompues par les préjugés et l'opinion. Cette dimension de contrainte ne doit cependant pas être représentée de manière uniquement négative.
B - LA VERITE:CONTRAINTE LIBERATRICE ? Il est clair que la contrainte qu'impose le vrai est salutaire et pédagogiquement souhaitable. Peut-on imaginer des mathématiques dont la vérité ne serait pas contraignante ? Ce qui distingue l'histoire scientifique du roman ou de la légende, c'est bien qu'elle impose de se soumettre à certaines vérités que l'on peut établir avec certitude. Libérer de l'erreur, de l'illusion, de l'opinion, des multiples formes du faux: voilà la première liberté qu'apporte la vérité. Le travail de libération n'est-t-il que négatif ? La vérité n'est-elle pas essentiellement libératrice ? C - LA VERITE REND LIBRE La force du vrai doit être de porter en lui-même les éléments qui permettent de le dépasser. La liberté est interne à la vérité, en cela qu'il est possible de nier le vrai afin même de le renforcer. Que l'on songe à la fiction du malin génie dans les Méditations ou encore le sérieux avec lequel ARISTOTE entreprend de démontrer le principe de contradiction au quatrième livre de la Métaphysique : tous deux témoignent bien de la liberté de pensée de celui qui cherche le vrai : il est capable de se mettre en situation apparemment absurde pour chercher à s'assurer davantage du vrai.
V - REFERENCES
PLATON, République , livre VII ARISTOTE, Métaphysique , I,2 et IV,3 DESCARTES, Méditations métaphysiques (première méditation) SPINOZA, Ethique , livre I HEGEL, Phénoménologie de l'Esprit (préface)
VI - LES FAUSSES PISTES Séparer les deux branches de l'alternative risquait de conduire à des analyses unilatérales affirmant soit le caractère contraignant soit le caractère uniquement libérateur de la vérité. VII - LE POINT DU VUE DU CORRECTEUR Le candidat aurait beaucoup à gagner en prenant appui sur des exemples précis, empruntés soit à des textes classiques (voir corrigé), soit à des expériences simples (la saisie du vrai en mathématiques par exemple).
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